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Il n'aura fallu que les premières notes, les premières phrases pour que je réalise combien ça m'avait manqué. J'aime les découvertes, les premières écoutes. J'aime être éblouie par un son, un mot. Le souvenir qui reste de ce moment est toujours éclatant et il me semble irréel de pouvoir ressentir une telle émotion. Memoria tourne en boucle, bien sûr. J'en aime la musique, la voix grave contaminée par les tics scéniques, le phonème [i] qui lui sied à ravir, les paroles.
Je suis inscrite à un séminaire d'anglais sur le jazz ; c'est un vrai plaisir de voir le prof être incapable de s'empêcher d'être emporté par les extraits qu'il nous fait écouter et de battre le rythme. Ils nous parle d'une certaine conception de la musique, tellement évidente pour moi que je suis obligée de faire l'effort de me souvenir que tous ne la partagent pas. Il n'est pas concevable, à mes yeux, qu'un artiste mette autre chose que son âme dans ses compositions, qu'il soit autre chose que sincère. Et pourtant, on proclame artistes tant de personnes qui ne font que de l'argent, qui s'inscrivent si docilement et joyeusement dans la société de consommation et qui oublient que la musique (comme l'art en général) est bien plus que cela. Je l'écoute et je rêve des concerts qui se profilent à l'horizon. Ceux que j'attends pour 2013. Et Archive : demain soir.
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Je me suis souvenue de celle que je suis, que j'étais ou disons, que je pensais être. La révélation est venue de la musique, comme toujours avec moi ; j'en ai besoin pour vivre à un point que peu de gens comprennent. J'entendais les membres d'Archive répéter avant le showcase et je me suis souvenue. On pouvait entendre des extraits de Bullets ou Hatchet et je me suis sentie vivante. Le showcase était superbe, un avant-goût de ce qui m'attend en novembre. Pendant une heure, j'ai renoué avec ce frisson, cette joie viscérale que les évènements récents avaient occultés. Je songeais vaguement à la phrase de Molko : "dont forget to be the way you are, don't be plasticine". Dernièrement, j'étais perplexe face à moi-même, je ne reconnaissais pas celle qui pensait en-dedans. C'était moi pourtant, mais une facette que j'avais choisi de museler et que j'ai retrouvée sans trop comprendre. Je crois qu'il serait plus sain désormais de la laisser s'exprimer. C'est une part de moi, il serait temps de l'admettre et de trouver une forme d'équilibre.
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J'aimerais pouvoir saisir l'image que je renvoie, pouvoir me regarder avec les yeux d'autrui, détachée de mes pensées. Peut-être alors que je saurais, que je me comprendrais mieux. Il pleut encore et j'attends (encore) que l'heure tourne. J'attends la nuit, j'attends Paris, les sourires et les voix familières. Une forme d'oubli réside dans ces moments et c'est revigorant de pouvoir simplement s'asseoir dans un bar et savourer un verre sans penser à rien qu'à l'instant présent. Je ne perçois plus mon environnement de la même manière. Je ne sais pas vraiment où je vais mais, d'une certaine manière, je ne m'inquiète pas. Je garde l'inquiétude pour plus tard.
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Je redécouvre mon environnement et je ne suis pas certaine d'apprécier cette sensation. Il semblerait que je me sois trompée longtemps concernant certaines choses essentielles. Ou peut-être ai-je changé, brutalement. J'en connais qui savoureraient cet aveu et qui auraient le droit d'être moqueurs. Je déteste les sourires narquois quand ils me sont adressés, je garderai donc le silence. Je suis confuse. Mes certitudes volent en éclats. Seule la musique m'aide, je savoure le nouvel album d'Archive. Hatchet est exactement la chanson qu'il me faut. Nerveuse, agressive.
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Il pleut. C'est doux. Pour une fois, le silence m'entoure. Aucune note de musique ne vient faire écho aux battements de mon coeur, aucune voix devenue familière avec les écoutes ne vient me rassurer. Je viens de comprendre que face au désordre qui règne à l'intérieur, seul le silence m'apaise. C'est là chose rare. C'est une journée étrange, une semaine singulière. Je viens d'achever un livre qui me manque déjà, deux de mes amies sont parties à l'autre bout du monde et je me complais dans le silence. Le parfum de la pluie envahit la pièce, ça m'évoque toujours des souvenirs d'enfance, des souvenirs de l'époque où tout était presque simple. J'aimerais danser sous l'averse, essayer d'oublier ce désordre qui a tout envahi, mais je crois que c'est peine perdue.

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